Forgé.es dans la famine
- Ferme les yeux et Imagine un seul instant, des terres bourgeonnant de partout. D’immenses champs de blé ensemencés et offrant leurs récoltes en un mois à peine. Des vergers énormes, les branches courbées par le poids de leurs énormes fruits. Une cueillette serait suffisante pour nourrir un village, ou une ville, voire même tout un pays. Et tout ça, seulement grâce à quelques précieuses gouttes d’eau et à l’effort de quelques fermiers.
Dans la pénombre nocturne d’une hutte africaine, une voix répondit avec un ton exaspéré : - Pour ton information Modjadji, mes yeux étaient déjà fermés parce que je dormais. Merci de m’avoir réveillé en plein milieu de la nuit. Tu disais quoi au fait ? Maintenant que le marchand de sable est passé, autant écouter tes histoires à la noix.
- Au fait, ce n’est pas mon histoire. Expliqua Bamba. Je n’ai pas pu dormir à cause de cette légende que m’avait racontée l’ancien ce matin.
- Encore lui ! Depuis que notre petite soeur est morte, tu passes trop de temps à écouter ses histoires à dormir debout au lieu de trouver un mari. Modjadji continua son histoire comme si de rien n’était.
- Écoute donc: Apparemment, il y aurait dans un pays au nord, une roche, un minerai qui contiendrait un sel capable de redorer n’importe quel sol de verdure et de richesse végétale. Même en plein désert, et rendre notre planète à nouveau belle, est alors une possibilité.
- Modjadji, ma petite soeur bien-aimée. Je vois que tu n’as toujours pas fait ton deuil. Accepte-le ! Tu n’y es pour rien dans sa mort. Le guérisseur dit que c’est à cause d’une malédiction qui a frappé notre foyer le jour ou notre mère a transgressé les règles en sortant de la hutte.
- C’est faux ! Cria Modjadji.
- Madame Claire qui est venue dans notre village l’autre fois, dit qu’elle est morte de rachitisme.
- Rachi-quoi ?
- RACHITISME une maladie causée par une carence alimentaire.
- Je ne comprends plus rien à ce que tu racontes. Bamba alluma alors une bougie. Non, je ne rêve pas. Tu es bel et bien réveillée. Pendant un instant, j’ai bien cru que tu parlais en dormant. Ce n’est pas avec cette attitude que tu vas te trouver un mari. Modjadji ! Il faut que tu changes !
- Oh, mais crois-moi, je vais changer… J’y compte bien… Je vais changer la situation ! Rétorqua Modjadji.
-Tu sais bien que si tu veux changer la situation, c’est bien en te mariant le plus tôt possible. Tu n’es pas sans savoir que notre village a été corrompu par une malédiction. Il a besoin d’être sauvé en mariant au plus vite toutes les filles du village. Pour briser le maléfice, tu dois suivre les instructions de nos ancêtres. Modjadji hésitante répondit à voix basse : et si la vision de l’ancien, c’était… Non, laisse tomber, tu ne me croirais pas de toute façon.
- Non, vas-y ! Si ça peut te calmer, continue ton histoire.
- Tu sais, Madame Claire est directrice des Opérations du Bureau des Sciences et de l'Industrie posté à quelques kilomètres du village. Elle m’y a emmené un jour en voiture. Nombre de scientifiques là-bas, font des expériences avec un but assez louable qui est celui de mettre fin à la famine qui sévit dans notre région, y compris notre village.
- Claire Claire Claire.. Tu n’as que ce nom là à la bouche. Qu’est-ce qu’elle a de si spécial cette claire.
- J’y viens, figure toi qu’elle responsable de l'optimisation énergétique des localités proches de notre village. Et la vision de l’ancien m’a rappelé qu’elle est en charge d'un projet dont le but vise à trouver une solution pour la pénurie alimentaire de la région. Les progrès sont maigres, mais elle repose ses espoirs sur des recherches en…si je me souviens bien, la chimie organique. Et c’est là qu’entre en jeu cette fameuse roche dans la vision de l’ancien. Tu dois me croire, elle oeuvre jour et nuit Dans l’espoir de trouver un moyen d’améliorer la production des récoltes de la région et d’empêcher toute future famine.
- Cette femme est elle vraiment capable de procurer cette abondance qu’elle prétend chercher. Tu la crois vraiment capable ?
- Oh que oui ! Et le but précis de ses recherches, c’est de mettre au point des fertilisants capables d’augmenter de décupler la productivité des plantes, c’est-à-dire des végétaux, des légumes et des fruits sur lesquels seraient appliques ces fertilisants. Le but serait d’augmenter, le rendement, leur taille, la rapidité à laquelle ils atteignent leur maturité la résilience aux environnements aux insectes a la sécheresse et a la météo, mais aussi d’accroître leurs propriétés curatives et anti-maladie puisque cela renferme des vitamines et le but, c’est justement de décupler ce potentiel.
Bamba, qui commençait à s’assagir, répondit alors : moi ce que je vois surtout que c’est ton vocabulaire qui s’est décuplé. Mojadji, voyant qu’elle commençait à faire entendre raison à son frère, dit alors : c’est peut-être bien un nouveau départ pour nous, je pense vraiment que c’est ce que notre défunte petite soeur aurait voulu.
La corde sensible de Bamba fut atteinte, ce coup de grâce planta la graine de l’espoir dans l’âme de ces deux chérubins.
-Tu sais quoi demain matin à la première heure, j’irai avec toi voir le fin fond de cette histoire. Les pieds nus, ils partirent à l’aube…
Nous sommes en 2030, après des années de dure famine qui suivirent cette nuit fatidique.
Mais la hutte de nos deux héros a disparu. à la place, il y a une statue érigée à la jonction de l’avenue Bamba -nommée à l’honneur de l’ex ministre de l’Egalité et du Développement social- et du boulevard Modjadji -nommé en l’honneur du docteur.e Modjadji Ex ministre de l’énergie de l’environnement et du développement durable-.
La statue représente deux enfants aux pieds ensanglantés par la marche ; la fille tenant un caillou jaunâtre, et le garçon tenant un épi de blé.
Written by SOULAIMANE BOUAMAR
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